La
farce, une invention médiévale
D’abord, il y eut les fabliaux. De joyeux contes en vers, qui évoquaient des situations
comiques : déguisements, récits de tours pendables, histoires de cocus battus… Le jongleur de fabliaux se produisait
sur la place publique, récitant et mimant ses monologues devant les villageois ou les citadins. Cela se passait au XIIIe siècle.
Puis le genre disparut et au XVe siècle, un nouveau répertoire comique le remplaça. Il ne s’agissait plus cette fois
de récits mimés, mais de vrai théâtre. Trois ou quatre acteurs, en équilibre précaire sur une estrade improvisée, se mirent
à jouer des sketches comiques. Ils avaient inventé le théâtre de la farce ; ces acteurs étaient des farceurs.
Pourquoi le mot farce ? Parce que ce genre,
toujours bref, n’était qu’une composante de spectacles complets incluant d’autres genres théâtraux. On « farcissait »
un spectacle avec ces courtes pièces comiques. Les procédés comiques de la farce sont évidemment à l’opposé de la délicatesse.
La plupart du temps, ce sont des échanges de coups et l’emploi de langages
incohérents : en somme, des procédés qui bousculent les conventions du langage corporel et de la communication verbale.
Le langage couvre toutes les formes imaginables : jargon, jurons, injures, propos obscènes et latin macaronique (faux
latin fait à partir de mots français auxquels on ajoute des terminaisons en –us,
en –um, etc.). Le « génie » de la farce ne se situe pas, on le
voit bien, dans la profondeur mais dans un comique franc, physique, libérateur. Elle exagère la vie quotidienne : les
maris y sont dominateurs mais cocus, les femmes sont infidèles et rusées, les domestiques sont tricheurs, les médecins sont
tous fumistes…Pendant un siècle environ (1450-1550), la farce a été le genre comique dominant au théâtre.
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